Les candidatures aux élections régionales de mars 1998 en Meurthe et Moselle
Frédéric DEMANGEON



PREMIERE PARTIE



INTRODUCTION


Le département de Meurthe-et-Moselle s'étend sur une superficie de 5241 km2 et comprend une population de 717751 habitants. Ses principales villes sont Nancy, Toul, Lunéville, Longwy, Briey et Pont-à-Mousson.

Toutes les zones géographiques du département n'ont pas la même situation économique. Les zones de Longwy et Briey ont été frappées par la crise sidérurgique des années 70-80, et ont subi un exode démographique du fait de la disparition d'emplois industriels. Dans la zone de Briey, même l'emploi tertiaire a diminué. La zone de Lunéville, à dominante agricole, a été confrontée à l'exode rural et au vieillissement de la population. L'axe Toul-Nancy ( qui se prolonge d'ailleurs sur Metz ) se trouve dans une meilleure situation et regroupe aujourd'hui un nombre important d'emplois salariés. La majeure partie de la population de Meurthe-et-Moselle est concentrée dans l'agglomération nancéienne.

Aux élections régionales du 15 mars 1998, 471111 personnes étaient inscrites sur les listes électorales. 240799, soit 51,11 % d'entre elles se sont exprimées pour élire les 22 conseillers régionaux du département. Au total, le Conseil Régional de Lorraine compte 73 sièges.

Dix listes étaient présentes aux élections : l'extrême-gauche en comptait deux, celle de la L.C.R. et celle de Lutte Ouvrière. Le P.S. et le P.C.F. n'en présentaient qu'une, commune aux deux Partis. Les écologistes totalisaient deux listes, une rassemblant les Verts 54 et la C.A.P., et l'autre émanant d'une organisation écologiste régionale. La Droite était représentée par trois listes: la liste d'Union U.D.F.-R.P.R., la liste dissidente conduite par le député François GUILLAUME et la liste du Front National. Enfin, deux listes sans étiquette politique étaient également présentes.

Les conseillers régionaux, conformément aux dispositions des articles L.335 et L.336 du code électoral, sont élus dans chaque département, au scrutin de liste à la proportionnelle à la plus forte moyenne, sans panachage ni vote préférentiel pour 6 ans. Seules sont admises à la répartition des sièges, les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés. Les sièges sont attribués aux candidats d'après l'ordre de présentation sur chaque liste.

Cinq listes seulement parmi celles citées ci-dessus ont obtenu des sièges: la liste Lutte Ouvrière ( 1 siège ), la liste P.S.-P.C.F. ( 8 sièges ), la liste U.D.F.-R.P.R. ( 6 sièges ), la liste Union et Force Lorraine ( 3 sièges), ainsi que la liste F.N. ( 4 sièges ).

Chaque candidat doit remplir certaines condition: être âgé de 21 ans révolus, jouir de ses droits civils et politiques, avoir satisfait aux obligations imposées par le Code du Service National et être domicilié dans la région ou, à défaut, d'y être domicilié, être inscrit au rôle d'une des contributions directes en Lorraine, pour ces élections, au 1er janvier 1998 ou justifier devoir y être inscrit à cette date. Nul ne peut être candidat sur plus d'une liste.

Parallèlement aux élections régionales se déroulaient cette année les élections cantonales. Dans le département, 25 cantons étaient renouvelables et 130 candidats s'y sont présentés, soit une moyenne de 5,2 par canton.

Les élections régionales de Meurthe-et-Moselle offrent deux biais d'étude complémentaires : les listes et les hommes. Nous analyserons donc la réalisation de ces listes dans une première partie tant en ce qui concerne les principes d'élaboration, le choix des candidats puis les négociations qui ont été menées, que les raisons de la candidature des listes émanant de petites formations aux ambitions plus modestes. Le second temps de notre étude sera consacré aux candidats eux-mêmes : caractéristiques socio-individuelles, profil politique et motivations compléterons une étude que nous espérons la plus exhaustive possible.

PREMIERE PARTIE : LA CONSTITUTION DES LISTES


En Meurthe-et-Moselle, dix listes regroupant deux cent vingt candidats ont brigué le 15 mars 1998 les suffrages des électeurs, soit trois de plus qu'en 1992. Ce chiffre est un peu moins élevé en Meuse ( six listes ) et dans les Vosges ( huit listes ). La Moselle par contre en compte davantage ( onze listes ).

Aucune liste annoncée dans le département ne s'est retirée avant la date du dépôt des candidatures.

Parmi les dix listes, on dénombre trois listes de Gauche ( L.O., L.C.R., P.S.-P.C.F. ), deux listes écologistes ( Vert 54-C.A.P, Lorraine Ecologie ), trois listes de Droite ( U.D.F.-R.P.R., Union et Force Lorraine, F.N. ) et deux listes sans étiquette politique ( Femmes d'action, Bénévolat Associatif ).

Il va être intéressant d'étudier les principes qui ont dirigé la constitution des listes et le choix des candidats, les raisons du rapprochement ou de l'éloignement entre certains d'entre eux, et enfin, les motivations propres aux petites formations sans grande ambition.

CHAPITRE I : Les principes d'élaboration


Certaines listes sont l'expression d'une formation politique nationale qui dispose d'une organisation locale, affiliation qui entraîne la soumission ou l'acceptation des procédures formalisées de constitution des listes et de sélection des candidats donnant au centre partisan un droit de contrôle, de regard, d'injonction toujours contraignant pour la fédération départementale.

D'autres listes sont l'émanation d'une coalition et pas seulement l'expression d'une organisation politique. Ainsi, aux règles propres à chaque Parti politique viennent s'ajouter les règles ou contraintes découlant des conditions de constitution de cette coalition et des rapports de force entre partenaires.

Enfin, certaines listes sont l'expression d'entreprises purement locales ( des phénomènes identiques peuvent se produire ailleurs mais il n'y a aucune relation entre eux). Elles ne sont pas liées à de véritable formations politiques, formalisées, différenciées et dotées de règles et de procédures de fonctionnement spécifiques et durables.

Section 1: La procédure suivie par les "grandes listes"


Par " grandes listes", il faut entendre les listes qui prévoyaient avant les élections d'avoir un certain nombre de candidats élus. Il s'agit de la liste d'Union U.D.F.-R.P.R., de la liste P.S.-P.C.F. et de la liste Front National. Ces trois formations ont d'ailleurs confirmé leurs espérances en remportant 18 sièges sur 22 en Meurthe-et-Moselle le 15 mars 1998 ( huit candidats élus pour le P.S.-P.C.F., six pour l'U.D.F-R.P.R et quatre pour le Front National, (L'Est Républicain : 16 mars 1998)) .

I/ La liste P.S.-P.C.F

A/ La désignation des candidats au sein du Parti Communiste


Le Comité National du P.C.F. a recommandé aux différentes fédérations communistes de s'orienter vers la constitution de listes communes avec tous les Partis et Organisations de Gauche pour les élections régionales de mars 1998. A la suite de cette recommandation, la fédération de Meurthe-et-Moselle a consulté ses militants en novembre 1997 afin qu'ils se prononcent sur la question d'une éventuelle alliance avec les différents partenaires de Gauche. Ceux-ci ont été majoritairement d'accord à 70 % avec le choix national. Ce vote a été entériné le 27 novembre 1997 par le Comité Fédéral du P.C.F., l'organe de direction en liaison avec les instances nationales du Parti. Ce comité a ensuite désigné les candidats communistes susceptibles de figurer sur une liste commune. Ceci s'est fait en constante discussion avec le niveau central du P.C.F.

Son rôle n'est toutefois pas contraignant pour le niveau local puisque ce sont les fédérations qui décident en dernier ressort. Il est cependant important lorsqu'il faut décrisper une situation qui ne peut être résolue par le niveau fédéral, ce qui n'a pas été le cas en Meurthe-et-Moselle.

B/ La spécificité du P.S.: la préparation d'une liste entièrement socialiste


Une liste de vingt-deux socialistes a été élaborée conformément aux statuts du Parti. Dans un premier temps, le Conseil National a fixé la date d'ouverture et de clôture des opérations de désignation des candidats ( art.9.1.1 des statuts du Parti ) et l'a indiqué à l'ensemble des fédérations .Il s'agit de la période pendant laquelle les candidatures pour être sur la liste socialiste peuvent être proposées.

La fédération socialiste de Meurthe-et-Moselle en a informé ses militants qui ont déposé leur candidature du 20 au 28 novembre 1997. Chaque candidat, qui devait être à jour de ses cotisations d'adhérent pour se présenter, a rempli une fiche de renseignements le concernant. Au total, une soixantaine de candidatures a été enregistrées dans le département. Les militants socialistes ont été consultés une première fois à titre indicatif pour savoir quelles étaient leurs préférences sur l'ensemble des candidatures. Chacun a voté deux fois: pour un homme et pour une femme, afin que la parité soit garantie dans le résultat. C'est la première fois que ce type de consultation s'appliquait dans le département.

La Commission électorale, sans être liée par le choix des militants, a dressé une liste de vingt-deux candidats socialistes susceptibles de figurer sur la liste commune. Cette commission se compose de treize membres, dont le Premier secrétaire fédéral, désignés par le Bureau fédéral. Ils représentent les différentes motions du P.S., c'est-à-dire les différentes tendances politiques. Cette commission pour ces élections a travaillé jusqu'au 26 janvier 1998.

La liste a ensuite été envoyée au Conseil fédéral qui l'a approuvée avec une confortable majorité ( 72% des voix ). Puis, elle a été soumise au vote des militants. En 1992, la liste socialiste pour les régionales avait obtenu un très large soutien de ces derniers, près de 80%, mais cette année, seulement 55% se sont montrés satisfaits.

Après ce vote, il n'était plus possible de revenir sur la liste.

Elle est retournée à la Convention fédérale qui l'a transmise à la Convention nationale. Celle-ci l'a validée le 20 décembre 1997 (L'Est Républicain : 21 décembre 1997).

C/ Le partage des places sur la liste de coalition


Le P.S. a établi des contacts avec le P.C.F. et ses autres partenaires de Gauche dès le mois de septembre 1997. De nombreuses réunions ont eu lieu entre les instances fédérales socialistes et communistes pour la répartition des places sur la liste commune. Ces instances travaillaient en même temps avec les organes nationaux de leur Parti. Finalement, cinq candidats communistes ont intégré la liste socialiste: Roland FAVARO ( 4ème position ) , Michel GILLES ( 7ème position ), Patrick HATZIG ( 10ème position ), Jeanne-Marie PARISOT ( 16ème position ) et Frédéric BRIGIDI ( 22ème position ).

Les socialistes pour intégrer leurs partenaires ont "chassé par le bas". Cela signifie que pour chaque nouveau candidat communiste sur la liste, c'est le dernier candidat socialiste qui devait se retirer.

II/ La liste U.D.F.-R.P.R.

A/ La désignation des candidats au sein du R.P.R.


La procédure au R.P.R. est très centralisée et contraignante pour l'échelon local. Le Comité départemental n'est en effet pas compétent en matière d'élection régionale.

Désigné chef de file en Meurthe-et-Moselle en septembre par Philippe SEGUIN, Gérard LEONARD a fait une proposition de plusieurs noms aux instances nationales du R.P.R. à Paris. Le Conseil national a alors dressé une liste de cinq à six noms par rapport à cette proposition qui ne le liait en aucune manière. Lui seul a la capacité d'investir les candidats. C'est ce qu'il a fait pour certains départements le 17 janvier 1998, mais pas pour la Meurthe-et-Moselle en raison des problèmes qu'elle rencontrait.

B/ La désignation des candidats au sein de l'U.D.F.


La procédure tout comme au R.P.R. est très centralisée. Après avoir lancé un appel aux candidatures, la fédération a préparé une liste avec quelques noms. Fin novembre 1997, une réunion a eu lieu afin de savoir qui conduirait la liste d'Union .Claude GAILLARD a été désigné, et a décidé à titre personnel de faire une consultation auprès des militants. Les trois cents militants réunis à Laxou se sont prononcés en sa faveur le 29 novembre 1997. C'est le seul rôle qu'ils ont eu à jouer dans cette procédure. Le début de liste a été communiqué aux instances parisiennes qui l'ont accepté.

C/ Le partage des places sur la liste d'Union


Les premiers contacts entre l'U.D.F. et le R.P.R. ont eu lieu à la fin de l'année 1997. Ceux-ci ont été bloqués dans un premier temps lors de l'élection législative partielle de François GUILLAUME en décembre 1997 et dans un deuxième temps lors du conflit interne au R.P.R.

La répartition des places sur la liste d'Union en Meurthe-et-Moselle a été définie à Paris par les instances nationales des deux partis de la manière suivante:

Tableau n°1 : La répartition des places entre l'U.D.F. et le R.P.R.

Places

1

2-3

4-5

6

7-8

Parti

U.D.F.

R.P.R.

U.D.F.

R.P.R.

U.D.F.



Pour la suite de cette liste, l'attribution s'est faîte alternativement entre candidats R.P.R. et U.D.F.

Ce choix tient compte du rapport entre les deux forces politiques en Meurthe-et-Moselle, mais pas uniquement. L'U.D.F. et le R.P.R. au niveau national tentent chacun d'avoir le plus d'élus possible à ces élections. Ils se partagent les places éligibles en s'avantageant mutuellement dans l'un ou l'autre des départements. De cette façon, il est possible par exemple pour l'U.D.F. d'avoir plus d'éligibles qu'il aurait dû avoir dans l'un d'eux, en contrepartie d'un avantage concédé au R.P.R. ailleurs.

Il y a donc une interaction entre les toutes les listes U.D.F.-R.P.R. du fait des instances nationales, et cette interaction s'est également produite parfois entre les élections cantonales et régionales cette année pour les mêmes raisons. C'est d'ailleurs pour cela que la liste d'Union n'a pas été renégociée après que François GUILLAUME a présenté sa propre liste, alors que le R.P.R. s'en trouvait inévitablement avantagé par rapport à l'U.D.F. en Meurthe-et-Moselle: sinon, il aurait fallu revoir toutes les régions. Le R.P.R. y a gagné aussi pour une autre raison: ses dirigeants locaux discutaient directement avec Philippe SEGUIN ou Nicolas SARKOZY au cours de la constitution de la liste, alors que ceux de l'U.D.F. étaient moins appuyés par Paris.

III/ Le Front National

A/ Le rôle de la fédération de Meurthe-et-Moselle


Chaque Secrétaire départemental ( Jean-Claude BARDET pour la Meurthe-et-Moselle ) a reçu du Secrétaire national aux élections ( Jean-François JALKH ) une invitation à soumettre une proposition de début de liste dans les plus brefs délais, c'est-à-dire des places éligibles.

Le Bureau départemental de Meurthe-et-Moselle, dont le président est Jean-Claude BARDET, a ainsi ébauché une liste de sept noms. Ce bureau, outre son président, se compose des différents responsables de circonscriptions. Cette proposition ne fut pas très appréciée par Pierre PELOT, militant du F.N. depuis vingt ans, qui s'est vu évincé de la liste par Jean-Claude BARDET. Il avait demandé à être en 4ème position (L'Est Républicain : 26 janvier 1998) mais on lui a préféré Jérôme DENOLLE, un " parachuté" de Caen.

Les militants du Front National n'ont eu aucun rôle dans la conception de la liste. Selon Jérôme DENOLLE, l'intervention de ceux-ci dans les autres formations, notamment au P.S., si elle a l'avantage d'être démocratique, est en fait une façade. Pour reprendre ses termes: "On réunit les militants, on leur fait croire qu'ils décident et on s'en moque". C'est pour cette raison que le Front National refuse ce principe.

B/ La Commission d'investiture


La proposition fédérale a été envoyée au Secrétaire national aux élections. Celui-ci l'a transmise à la Commission d'investiture, composée d'une dizaine de personnes. Celle-ci a étudié le cas de chaque département. Soit elle acceptait la proposition, comme cela s'est passé pour la Meurthe-et-Moselle, auquel cas le Secrétaire départemental en était informé dans les trois jours, soit il y avait un problème sur un nom ou une place et la commission envoyait alors un avis au Secrétaire départemental concerné. La proposition modifiée revenait à la commission qui tranchait en dernier ressort.

Section 2: La méthode employée par les "petites listes"


Contrairement aux listes étudiées dans la section précédente, il s'agit de celles dont on pouvait penser objectivement qu'elles auraient peu d'élus, voire aucun.

I/ Les listes d'extrême-gauche

A/ Lutte Ouvrière


La liste présentée aux élections par Lutte Ouvrière a été faite par la tête de liste Christiane NIMSGERN et ses proches de l'organisation. L'effectif militant étant moins important que dans d'autres partis, il a été plus facile de la constituer en comité restreint lors des différentes réunions organisées sur Nancy. Selon Christiane NIMSGERN, les instances parisiennes de Lutte Ouvrière ont dit peu de choses au sujet de ces élections, laissant une assez grande liberté à l'organisation locale de Meurthe-et-Moselle.

B/ La Ligue Communiste Révolutionnaire ( L.C.R. )


La L.C.R. est un Parti qui se réclame de la 4ème internationale. Elle a été fondée à la suite des événements de mai 1968, notamment par Alain KRIVINE. La "liste 100% à Gauche soutenue par la L.C.R." a été réalisée au cours de plusieurs réunions successives courant janvier 1998 et a été définitive le 21 février 1998. Ce sont les personnes présentes à ces réunions ( une trentaine environ ) qui ont choisi les différents candidats.

II/ Les listes écologistes

A/ Verts 54-C.A.P.

1° Les candidats Verts


Concernant la Meurthe-et-Moselle, six personnes ( trois hommes et trois femmes ) ont été désignées par la structure régionale des Verts avant fin novembre 1997. Les adhérents se sont prononcés favorablement sur celles-ci le 23 novembre 1997, ce qui a été validé une semaine plus tard par les Verts Lorrains.

Si un problème concernant l'un de ces candidats était survenu après cette validation ( décès de l'un d'entre eux, départ du Mouvement...), une Commission des conflits composée d'un représentant de chaque département et du Secrétaire régional ( Brigitte RENN ) s'en serait chargée.

Les autres candidats Verts de la liste figurant en moins bonne position ont été choisis par les Verts 54. Les instances nationales se sont contentées de donner des idées, des orientations suivies ou non par les départements, comme ce fut le cas avec l'accord signé entre les différents partis de la majorité pour la formation des listes plurielles.

2° Les candidats de la Convention pour une Alternative Progressive ( C.A.P. )


La C.A.P. s'est constituée en 1994. Elle regroupe des personnes d'origines politiques différentes ( P.C.F., P.S., Alternative Rouge et Verte, syndicalistes...).

Le Bureau départemental, dont Colette GOEURIOT est membre, a choisi les candidats d'après les propositions des trois villes du département autour desquelles s'articule la C.A.P.: Nancy, Briey et Longwy. Les instances nationales n'ont eu aucun rôle dans ces élections.

3° Une répartition équitable


Les Verts 54 et la C.A.P. ont des rapports permanents depuis plus de deux ans et travaillent sur des projets communs concernant le social, l'économie et bien sûr l'écologie.

Le système du "mille-feuilles" s'est donc appliqué tout à fait naturellement entre eux, et la C.A.P. n'a vu aucun inconvénient à ce que Geneviève CANTINEAUX soit tête de liste, les Verts étant plus forts en Meurthe-et-Moselle.

B/ Lorraine Ecologie


Le Collectif Indépendant des Ecologistes Lorrains ( C.I.E.L ) est un ensemble de mouvements politiques qui regroupe le Mouvement Ecologique Indépendant ( M.E.I. ) dont Michel CLAIRE est le responsable régional, Génération Ecologie et d'autres mouvements moins importants de type associatif.

Le C.I.E.L présente, outre la Meurthe-et-Moselle, des candidats en Meuse alliés aux Verts 55 et en Moselle où il est seul.

La liste conduite par Michel CLAIRE s'est constituée de manière consensuelle. Plusieurs réunions ont eu lieu alternativement à Metz et à Nancy autour de plusieurs thèmes. En décembre 1997, un groupe meneur d'une dizaine de personnes qui assistaient régulièrement à ces réunions s'est constitué. Ces personnes ont donc été naturellement retenues pour être sur la liste. Michel CLAIRE s'est ensuite chargé de la compléter.

Par conséquent, aucune candidature n'a été faite. Ce procédé s'explique par le faible effectif dont dispose le C.I.E.L., en comparaison par exemple avec les Verts 54.

III/ Les listes dites "apolitiques"

A/ Femmes d'action


Les trois femmes à l'origine de cette liste sont: Carole HEIT ( conseillère municipale Force Démocrate à Laxou ), Nada DION (adjointe au Maire d'Essey-les-Nancy ) et Josette STEINER ( conseillère municipale de Nancy, membre des Adhérents Directs de l'U.D.F. ). Elles ont sélectionné les autres candidates de juin à décembre 1997. La liste a été plusieurs fois modifiée à la suite du désistement de plusieurs femmes, en raison des critiques qu'elles subissaient. C'est le 24 janvier 1998 que la liste a été définitive.

Chaque candidate a rencontré les trois premières de la liste lors d'un entretien, et aucune ne savait quelle serait sa position exacte. De plus, elles se sont découvertes le jour de la photographie, le 10 février 1998. La liste n'a été connue du public que le 11 février 1998 (L'Est Républicain : 11 février 1998) afin de préserver la tranquillité des candidates.

B/ Le Bénévolat Associatif


La Fédération Nationale du Bénévolat Associatif regroupe environ douze mille associations en France, réparties sur une grande partie des régions françaises. En Lorraine, cinq cent associations sont concernées.

Des listes de ce type ont été présentées dans six régions au total.

La liste de Meurthe-et-Moselle a été constituée par Philippe LOUIS, vice-président national du Bénévolat Associatif , élu conseiller régional en 1992. Certain membres de la liste appartiennent au RAS-LE-BOL, celui-ci n'ayant pu faire sa propre liste pour des raisons financières.

IV/ Union et Force Lorraine


Au total, trente cinq listes dissidentes ont été recensées à droite en France.

La liste Union et Force Lorraine s'est faite autour de François GUILLAUME et de ses proches collaborateurs. Elle a été présentée le 15 février 1998 lors d'un repas organisé entre lui et les militants qui lui ont apporté leur soutien lors de sa dernière élection législative de décembre 1997. Dès le 10 février 1998, François GUILLAUME avait annoncé que sa liste était prête (L'Est Républicain : 10 février 1998).

Section 3: un instrument de stratégie électorale


Deux éléments concernant la liste électorale telle qu'elle se présente dans les bureaux de vote obéissent également à certains principes et ne sont pas laissés au hasard: il s'agit de son nom et de son lieu de présentation.

Le premier peut symboliser l'esprit de la liste ou servir à attirer l'attention de l'électeur. Le second, quant à lui, s'il est souvent purement circonstanciel peut être choisi parfois dans un but bien précis.

I/ Le nom


Tous les noms de liste sont étudiés dans ce paragraphe y compris ceux relativement clairs.

Le Parti de Christiane NIMSGERN affiche par ce nom sa volonté de reprendre les thèmes nationaux de Lutte Ouvrière. Il ne fait aucune référence à la région ou au département. Ceci prouve, comme la tête de liste l'a affirmé lors de la réunion du 27 février 1998 au Palais des Congrès à Nancy, que cette élection n'est qu'un moyen de se faire entendre et d'attirer les mécontents. Toutes les élections sont vues de cette manière par Lutte Ouvrière.

Tout comme pour Lutte Ouvrière, l'élection régionale est un moyen d'expression. L'indication "100%" marque la volonté de se différencier de la Gauche Plurielle dont la politique est n'est pas jugée assez sociale par la L.C.R.

Ce nom a été choisi par tous les candidats début février parmi plusieurs propositions faîtes par un bureau d'étude. L'une d'elles, non retenue, était "Liste de Gauche pour les Meurthe-et-Mosellans".

Afin de se distinguer des autres listes de Gauche ( la L.C.R. et L.O. ), l'indication "la" est précisée. Contrairement au nom des deux listes précédentes, celui-ci fait référence à la Lorraine et à la Meurthe-et-Moselle, ceci comme l'a expliqué Laurence DEMONET, Première secrétaire fédérale socialiste du département, pour souligner l'élection régionale et le cadre départemental où elle se déroule. Le mot "cœur" enfin, exprime tout d'abord l'idée de sentiment mais est aussi une image , la Meurthe-et-Moselle se trouvant géographiquement au centre de la Lorraine.

Ce nom illustre simplement l'alliance entre les Verts 54 et la C.A.P.

La liste emmenée par Michel CLAIRE souligne ses motivations à se présenter.

Philippe LOUIS espère couvrir un éventail assez large d'électeurs potentiels avec ce nom relativement long. La mention "Fabienne VAN RUYMBEKE" n'est là que parce qu'elle dégage une certaine idée d'intégrité et de notoriété.

Ce nom laisse entendre le dynamisme des candidates de la liste ainsi que le souhait d'apporter un visage différent à la région.

Ce nom a été trouvé par un peu moins d'une dizaine de personnes, toutes proches de Claude GAILLARD. Selon Carole GAVOILLE, attachée parlementaire de ce dernier, il a été choisi parce qu'il dégage un côté dynamique et un certain esprit d'équipe nécessaire après les tensions internes apparues au grand public lors de la constitution de la liste U.D.F.-R.P.R. Les mots "Lorrains" et "Meurthe-et-Moselle" ont la même signification que pour la liste P.S.-P.C.F.: une élection régionale dans un cadre départemental.

Ce nom choisi par François GUILLAUME ne mentionne pas la Meurthe-et-Moselle car c'est un inconvénient selon lui, de le mettre en avant pour des élections régionales. Le mot "Union" a pour objectif de montrer qu'il s'agit de la vraie liste d'Union de la Droite modérée en Meurthe-et-Moselle.

Tout comme la liste Lutte Ouvrière, celle-ci ne souligne pas le caractère régional de l'élection. Elle reprend de plus un des thèmes largement développés par le Front National.

II/ Le lieu de présentation des différentes listes


Les listes ont le plus souvent été présentées à des endroits pratiques et accessibles comme par exemple au Palais des Congrès pour la liste P.S.-P.C.F.

Certains mouvements par contre, sans négliger cet aspect, ont annoncé la leur dans un lieu particulier pour des motifs supplémentaires.

Les Verts 54 et la C.A.P. ont choisi la Pépinière à Nancy pour des raisons pratiques mais également parce que ce cadre faisait "écolo" pour reprendre l'expression de Jean-Paul CANTINEAUX, secrétaire départemental du Parti en Meurthe-et-Moselle.

François GUILLAUME a présenté sa liste le 15 février 1998 lors d'un repas organisé avec ses militants. Il était ainsi dans son "fief" pour lancer sa campagne, entouré de ceux qui le soutiennent politiquement.

Le Bénévolat Associatif a choisi Gondrexon, un village du Lunévillois pour deux raisons: souligner son attachement à un bassin sinistré au niveau économique et de l'emploi et faire un clin d'oeil au deuxième de la liste qui porte le même nom.

La présentation des candidats de la L.C.R. s'est faîte place Maginot à Nancy pour une raison symbolique, car c'est, comme l'a expliqué Alain CHARTIER, le lieu de rassemblement des manifestations.

CHAPITRE II: Le choix des candidats


La sélection des candidats est déterminée selon un certain nombre de critères fixés à l'avance. La raison de ceci est simple: une liste doit s'efforcer de représenter le plus grand nombre de personnes possible afin que chacune puisse s'y rattacher.

Certains se retrouvent assez souvent lors des différents scrutins de listes et entre les différentes listes en concurrence. C'est le cas par exemple du critère de l'âge. D'autres par contre sont plus originaux.

Il va s'en dire que tous ne sont pas d'un poids égal, et les critères politiques ( dosage politique entre courants d'un même Parti, respect du rapport de force sur une liste de coalition...) peuvent réduire considérablement l'importance des critères sociologiques.

De même, ceux ci ne sont pas appliqués de la même façon à tous les candidats. Il est certain que la tête de liste départementale ou les candidats en position éligible, élus sortants la plupart du temps, franchissent plus facilement le "barrage" des critères que les figurants qui forment inévitablement le gros de la troupe.

Section 1: les critères définis pour l'ensemble des candidats


L'objet de cette section est d'étudier les critères qui étaient souhaités pour sélectionner les différents candidats. Bien entendu, il peut y avoir une grande différence entre la liste telle qu'on la voulait et la liste telle qu'elle est finalement, comme nous le verrons précisément plus loin.

I/ Qui les a définis?

A/ Pour les listes partisanes


Ce sont les instances nationales qui ont déterminé les critères de sélection des candidats en ce qui concerne le P.S. et le R.P.R. Pour l'U.D.F., Paris a indiqué les grandes lignes à suivre, mais c'est Claude GAILLARD en tant que tête de liste qui a pu imposer les siens. De plus, ils ont demandé au R.P.R. d'essayer de respecter ces mêmes critères pour leurs propres candidats.

Par contre, c'est la structure fédérale qui s'en est chargée pour le P.C.F., L.O., la L.C.R., la C.A.P., et le F.N. Les critères concernant les candidats Verts 54 ont eux été choisis au niveau de la région.

B/ Pour les listes non partisanes


Ce sont les personnes ayant constitué les listes qui ont elles mêmes défini les critères auxquels elles souhaitaient voir répondre les candidats: Philippe LOUIS pour le Bénévolat Associatif, Carole HEIT, Nada DION et Josette STEINER pour Femmes d'action, Michel CLAIRE et quelques membres du C.I.E.L. pour Lorraine Ecologie, François GUILLAUME pour la liste Union et Force Lorraine.

II/ Les critères en eux-mêmes

A/ Les critères habituels de sélection

1°: L'âge


Trois listes ont privilégié ce critère: la liste d'Union U.D.F.-R.P.R., la liste "100% à Gauche" et la liste du Bénévolat Associatif. Concernant la liste P.S.-P.C.F., seuls les socialistes l'ont pris en compte pour la désignation de leurs candidats. De même, les Verts 54 l'ont utilisé mais pas la C.A.P.

Lors de la conférence de presse tenue par Lutte Ouvrière le 21 février 1998, Christiane NIMSGERN s'est félicitée d'être à la tête d'une liste ayant une moyenne d'âge de 40 ans. Il s'agissait cependant plus d'une constatation que d'une volonté à l'origine.

Le Front National, bien qu'ayant un candidat de moins de 30 ans en 4ème position sur sa liste, n'a pas tenu compte de l'âge pour sa constitution.

2°: Le sexe


Sur les dix listes en présence aux élections régionales, seul le Front National a écarté ce critère pour désigner ses candidats. François GUILLAUME l'a utilisé, mais moins que d'autres critères pour l'élaboration de sa liste.

Le cas de la liste " Femmes d'action! Pour une autre Lorraine" est un peu particulier, étant donné qu'elle se compose uniquement de femmes. Ceci n'était pas si évident car comme l'a déclaré Carole HEIT, il a été envisagé de mettre des hommes dans cette liste lors de sa réalisation, mais cela ne s'est finalement pas fait.

3°: La profession


Certaines listes ont essayé d'avoir un éventail assez large de professions différentes: " Union et Force Lorraine", "Femmes d'action! Pour une autre Lorraine", la liste Lutte Ouvrière, et celle du Bénévolat associatif.

4°: La représentation géographique


Plusieurs formations ont désiré avoir des candidats provenant de l'ensemble de la Meurthe-et-Moselle . La raison en est simple: pour que les électeurs, en s'apercevant qu'un candidat de chez eux est sur la liste , soient tentés de voter pour elle. Trois listes seulement n'ont pas été faites avec ce critère: celle de Lutte Ouvrière, Lorraine Ecologie et de la L.C.R.

B/ Ceux plus spécifiques à chaque liste


Lutte Ouvrière a fixé deux critères supplémentaires pour former sa liste: les candidats devaient être connus sur leur lieu de travail, pour les mêmes raisons que le critère de représentation géographique . Ils devaient également " être pour la Révolution", c'est-à-dire adhérer aux idées de l'Organisation . Ce critère de compatibilité entre les idées politiques du candidat et celles du groupe est d'ailleurs implicite pour toutes les autres listes.

La L.C.R. tenait à ce que les personnes figurant sur sa liste soient dans le Mouvement Social, c'est-à-dire actives lors des différentes manifestations, réellement engagées pour le Parti.

La C.A.P. a souhaité prendre des candidats émanant du monde associatif.

Patrick HATZIG a été désigné par le Comité Fédéral du P.C.F. parce qu'il est actuellement Secrétaire fédéral du Parti en Meurthe-et-Moselle. Or, on estime qu'il est important pour quelqu'un ayant cette fonction d'avoir un mandat de conseiller régional.

Le Parti Socialiste pour sa part a essayé de respecter les tendances internes en faisant sa liste.

C'est également la préoccupation qu'a eue l'U.D.F., puisqu'elle s'est efforcée de respecter le poids de chacune de ses composantes dans le département, d'après leur nombre de militants ( par ordre décroissant: le Parti Radical, Force Démocrate, Démocratie Libérale, Adhérents Directs et le Parti Populaire pour la Démocratie Française ).

Il faut signaler que les instances nationales de l'U.D.F. peuvent modifier l'ordre des différentes composantes sur une liste, sans se soucier de leur importance dans le département. André FERRARI, le premier candidat du Parti Radical, n'est qu'en 5ème position sur la liste d'Union, alors qu'Adhérents Directs, moins forts en Meurthe-et-Moselle a quelqu'un en 4ème position, Monique FRANCOIS.

En outre, l'U.D.F. et le R.P.R. ont tous deux tenté de renouveler leurs élus lors de ces élections.

Les "Femmes d'action" ont eu recours à un critère original en plus des autres pour sélectionner leurs candidates. Il fallait en effet que pour l'ensemble des colistières, il y ait un nombre conséquent d'enfants.

François GUILLAUME a voulu que sa liste représente assez bien les divers partis de Droite présents en Meurthe-et-Moselle, non seulement l'U.D.F. et le R.P.R., mais aussi d'autres comme par exemple le Mouvement pour la France.

Au Front National, trois critères supplémentaire ont été fixés: il était important que les candidats aient une fonction locale, qu'ils s'entendent avec les personnes ayant fait la liste, notamment Jean-Claude BARDET, ceci afin que les élus du Front National puissent travailler ensemble au Conseil Régional. Le dernier critère enfin est celui du mérite. C'est-à-dire qu'une place sur la liste est la récompense d'un "travail bien accompli auparavant", que ce soit au sein du Parti ou de part une fonction élective quelconque.

Section 2: Des exigences supplémentaires pour certains candidats


L'objet de cette section porte sur deux candidats en particulier: la tête de liste (ou le chef de file ) qui étant le "visage" de la liste doit avoir les qualités requises pour, et le dernier qui bien qu'étant en position inéligible est un candidat non négligeable.

I/ Le leader de chaque formation


Les têtes de liste tout comme les chefs de file lorsqu'il s'agit d'une liste de coalition ont un rôle important. Ce sont eux qui sont chargés de mener la campagne et de représenter leur formation.

Ils ont été choisis pour leur notoriété en Meurthe-et-Moselle, de même que pour leur expérience politique. Les critères étudiés dans la section précédente ont été quelque peu effacés en ce qui les concerne, par rapport à ces deux qualités. Certains ont été désignés de manière indiscutable. C'est le cas par exemple pour Jacques CHEREQUE qui était naturellement la tête de liste P.S.-P.C.F. ou pour Jean-Claude BARDET au Front National.

A l'inverse, d'autres se sont retrouvés dans cette situation parce que personne ne voulait ou ne pouvait s'en charger. C'est le cas pour la L.C.R., Alain CHARTIER a conduit la liste suite au refus d'Isabelle GERARD, candidate à la mairie de Nancy aux dernières élections municipales de 1995.

II/ Le dernier sur la liste

A/ Une place importante


De tous les noms qui composent une liste présentée à une élection politique, deux sont le plus souvent remarqués: celui du premier et celui du dernier.

Cette place n'est par conséquent jamais attribuée au hasard. Le candidat qui l'occupe a pour rôle de pousser la liste de façon à ce qu'elle recueille le plus de voix possible. Il est en quelque sorte "une locomotive de queue " ("Chroniques électorales" Philippe HABERT, Pascal PERRINEAU, Colette Ysmal : "Le vote éclaté" p. 36, Paris, 1992. Département d'étude politiques du Figaro & Presses de la fondation nationale des sciences politiques).

Il peut être choisi pour diverses raisons: pour sa notoriété particulièrement forte qui apporte ainsi sa légitimité personnelle à la liste, parce qu'il symbolise un élément important aux yeux de ceux qui ont constitué la liste sur laquelle il se trouve, ou pour incarner des critères mal ou non pris en compte dans la composition de celle-ci.

B/ L'exemple avec ces élections régionales


L'Union U.D.F.-R.P.R. a choisi Nathalie MERCIER pour clore sa liste en raison de son âge ( 36 ans ), et parce c'est une femme. Les deux Partis ont ainsi souhaité donner une image jeune et féminine de leur liste.

Frédéric BRIGIDI se trouve à cette place sur la liste P.S.-P.C.F. parce qu'il est connu dans la vie politique, notamment au nord du département, et parce qu'il est communiste. L'accent est par conséquent mis sur l'alliance entre les deux partenaires de Gauche.

Pour le Front National et Lutte Ouvrière, c'est une personne connue dans le Parti qui termine la liste.

Philippe LOUIS a voulu symboliser la jeunesse de sa liste par la présence d'Arnaud THOMAS ( 21 ans ).

Jacques RACADOT, dernier sur la liste de François GUILLAUME, est un ami personnel de ce dernier. Il est également connu dans le monde agricole et a une certaine influence en tant qu'ancien maire et ancien président de la coopérative Lorraine.

Les Verts 54 et la C.A.P. ont tenu à mettre un candidat ayant de l'expérience dans le monde de l'écologie, Fernand TIBERI.

Tout comme Michel CLAIRE qui a désigné François PETIT, retraité O.N.F. et président de l'association de défense du massif de Haye.

Paul-Elie LEVY termine la liste de la L.C.R. parce qu'il est le porte-parole de la ligue depuis des année.

Les femmes d'action ont souhaité mettre à la vingt-deuxième place de leur liste une femme "exceptionnelle" puisqu'il s'agit de Jacqueline HELLUY, une ancienne résistante. C'est également la doyenne de la liste ( 77 ans ).

CHAPITRE III: Des négociations plus ou moins réussies


Les rapports établis entre certains partis pendant la période préélectorale ont eu diverses conséquences.

Comme dans la plupart des autres départements, des litiges nés de la constitution des listes et n'ayant pu être réglés sont apparus en Meurthe-et-Moselle.

Section 1: Les alliances


Trois listes de coalition sont présentes à ces élections en Meurthe-et-Moselle: la liste U.D.F.-R.P.R., la liste P.S.-P.C.F. et la liste Verts 54-C.A.P.

D'autres mouvements ont envisagé de s'engager dans cette voie, mais n'y sont pas parvenus, sans que cela tourne au conflit.

I/ Les alliances "manquées"

A/ L.O. et la L.C.R.


Une relation possible avec la L.C.R. en Lorraine a été évoquée courant septembre 1997 par Etienne HODARA, tête de liste Lutte Ouvrière en Moselle. D'après Christiane NIMSGERN, cela ne s'est pas fait parce que Lutte Ouvrière avait le sentiment de ne pas avoir la même vision et les mêmes objectifs que la L.C.R.

C'est ce qu'a confirmé Alain CHARTIER en indiquant que le Parti d'Arlette LAGUILLER ne les avait pas trouvés "assez révolutionnaires".

B/ Lorraine Ecologie et les Verts 54


Le C.I.E.L. a essayé de collaborer avec les Verts 54 jusqu'au 16 février 1998, date limite pour déposer les listes en préfecture. Ses propositions n'étaient d'ailleurs pas désavantageuses pour eux, puisqu'il leur offrait la tête de liste. Ceux-ci ont cependant refusé malgré les efforts du collectif.

D'après Michel CLAIRE, ce refus peut s'expliquer pour deux raisons: tout d'abord, les Verts 54 ont été plus ou moins liés par leur appartenance à la Gauche Plurielle. Ensuite, ils sont plus tournés vers l'extrême-gauche que vers la défense commune de l'environnement avec les autres mouvements écologistes.

Jean-Paul CANTINEAUX a pour sa part fourni d'autres explications à cette mésentente:

L'écologie pour les Verts 54 est à Gauche. Par conséquent, il est impossible de défendre une écologie " apolitique" comme le fait le C.I.E.L. Du fait de cette position, ceux-ci n'ont pas d'idées sur le social.

De plus, certains au sein des Verts 54 n'étaient pas d'accord pour faire une liste commune.

II/ Les alliances réussies

A/ P.S.-P.C.F.


Un accord électoral au sommet entre le P.S. et ses partenaires de la majorité plurielle a été signé et rendu public fin janvier 1998 (L'Est Républicain : 23 janvier 1998). Cet accord préconisait la constitution de listes communes aux élections régionales. En Meurthe-et-Moselle, celui-ci n'a pu se concrétiser entièrement, suite au refus du Parti Radical de Gauche d'occuper la 15ème place qu'on lui proposait et à celui du Mouvement des Citoyens d'occuper la 11ème place (L'Est Républicain : 4 février 1998).

Les Verts 54 ont également rejeté la proposition d'alliance, comme nous le verrons plus en détail ultérieurement.

Finalement, seuls le P.S. et le P.C.F. se sont rejoints sur une liste commune en Meurthe-et-Moselle, contrairement aux précédentes élections.

Dès le 30 septembre 1997, les secrétaires des quatre fédérations Lorraine s'étaient prononcés pour.

En 1992, la Droite avait remporté 20 régions sur 22. C'est la raison pour laquelle le P.S. et le P.C.F. ont formé cette année des listes de coalition dans 84 départements (L'Est Républicain : 12 février 1998). Ils souhaitaient reprendre des régions à la Droite en poursuivant la démarche adoptée lors des élections législatives anticipées de juin 1997.

Des contrats d'objectif ont été passés entre les deux fédérations afin de se fixer un projet commun à défendre après les élections.

B/ Verts 54-C.A.P.


Comme nous l'avons vu dans le premier chapitre, ces deux Partis ont des contacts permanents depuis quelques années. Ils ont d'ailleurs été ensemble lors des dernières élections législatives. Pour Jean-Paul CANTINEAUX, ce sont les seuls à être sincèrement écologistes à Gauche.

C/ L'Union U.D.F.-R.P.R.


Les instances nationales de l'U.D.F. et du R.P.R. ont donné comme consigne à leurs fédérations départementales de former des listes d'Union.

Cela s'est réalisé en Meurthe-et-Moselle, comme ce fut le cas aux élections régionales de 1992. La liste était alors conduite par André ROSSINOT.

Selon Claude GAILLARD, la coalition entre les deux Partis dans notre département correspond plus à une volonté de marquer l'Union qu'à un simple calcul arithmétique.

Section 2: Les conflits qui sont apparus


Deux conflits importants ont vu le jour au cours de la période préélectorale: le premier à Gauche qui s'est terminé par la décision des Verts 54 de ne pas partir avec les socialistes et les communistes aux élections régionales, et le deuxième au sein de la Droite modérée qui a eu pour conséquence la constitution de la liste dissidente emmenée par François GUILLAUME.

I/ Une Gauche Plurielle divisée


La liste P.S.-P.C.F. n'a pu être étendue à tous les partenaires de Gauche dans notre département. Certains ont refusé de l'intégrer sans qu'il y ait eu auparavant des problèmes majeurs. Par contre, la décision du 18 janvier 1998 des Verts 54 de partir seuls aux élections est la conséquence d'un véritable conflit interne à la Gauche Plurielle locale.

Selon Jean-Paul CANTINEAUX, les Verts 54 et le P.S. sont en opposition constante en Meurthe-et-Moselle et n'ont pas pu collaborer pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il existait entre les deux Partis des divergences à propos de certains projets comme celui du T.G.V. De plus, la liste socialiste était déjà faite et le P.S. ne leur offrait que la 6ème place. Un conflit de personnes s'est également manifesté : Monique ALOSI, maire de Seichamps ne supportait pas de voir Geneviève CANTINEAUX, conseillère municipale dans la même ville, en meilleure position.

Pour Laurence DEMONET, Premiere secrétaire fédéral du P.S. en Meurthe-et-Moselle, les Verts dans ces élections ont adopté une stratégie régionale ( aucune alliance ne s'est faite en Lorraine avec le P.S-P.C.F ) et ont voulu faire le point pour voir où ils en étaient, ce qui est vraisemblablement le cas.

Brigitte RENN, Secrétaire régionale des Verts, a déclaré que "si un leadership Verts ne se faisait pas, c'était laisser une place à des mouvements mineurs se posant en tenants de l'écologie " (L'Est Républicain : 19 janvier 1998).

II/ La Droite "ébranlée" en Meurthe-et-Moselle


La constitution de la liste U.D.F.-R.P.R. a été particulièrement difficile en Meurthe-et-Moselle. Les prétentions de François GUILLAUME, ancien ministre chiraquien, puis l'annonce de sa propre liste l'ont en effet considérablement retardée.

François GUILLAUME a toujours manifesté son désir de voir une liste U.D.F. et une liste R.P.R. se présenter dans notre département, afin qu'elles puissent "ratisser plus large". Gérard LEONARD, maire de Saint-Max et patron du R.P.R. local souhaitait lui une liste d'Union. Ce fut le premier désaccord entre les deux hommes.

Après son succès à l'élection législative partielle sur la circonscription de Lunéville en décembre 1997 ( 55% des suffrages ), François GUILLAUME estimait qu'en tant que "parlementaire de la droite modérée le mieux élu du département " (L'Est Républicain : 20 décembre 1997), il devait figurer en deuxième position sur la liste d'Union U.D.F.-R.P.R., devant Gérard LEONARD battu lui aux législatives de juin 1997.

Le 18 décembre, François GUILLAUME a fait une proposition de quelques noms aux instances nationales du Parti Gaulliste avec lui bien placé. A ce moment, Paris savait qu'il y aurait une liste d'Union en Meurthe-et-Moselle, et la répartition des places entre l'U.D.F. et le R.P.R. était déjà faite. Gérard LEONARD a également fait sa proposition.

La situation s'est alors trouvée bloquée. François GUILLAUME a menacé de faire sa propre liste s'il n'obtenait pas satisfaction. Face aux différents problèmes qui en découlaient, Gérard LEONARD a fait de même (L'Est Républicain : 30 janvier 1998). Il s'agissait pour sa part d'une réaction face à l'indécision parisienne et non d'un désir personnel.

Les instances nationales du R.P.R., se refusant à trancher entre les deux prétendants, ont sollicité le professeur Alain LARCAN (L'Est Républicain : 26 janvier 1998). La Commission Nationale d'Investiture du R.P.R. a finalement annoncé son verdict le 3 février 1998: premier R.P.R. sur la liste d'Union, Alain LARCAN puis Gérard LEONARD et enfin, François GUILLAUME (L'Est Républicain : 4 février 1998

). Avec la répartition U.D.F.-R.P.R., ce dernier se trouvait alors en 6ème position sur la liste, ce qui, compte tenu de sa personnalité, était inadmissible.

Il a donc pris la décision de constituer sa propre liste ce qui a eu pour effet de ralentir la procédure une nouvelle fois. Par la suite, François GUILLAUME a reproché le rôle trop centralisateur de Paris, le qualifiant de "diktat". Il a critiqué la liste d'Union U.D.F.-R.P.R. emmenée par Claude GAILLARD, jugeant sa représentativité géographique et politique mauvaise. Selon lui, les candidats sur celle-ci étaient tous plus ou moins liés à Gérard LONGUET.

François GUILLAUME n'a déposé sa liste que le 16 février 1998 à la préfecture, attendant jusqu'au bout une proposition "intéressante" de Paris, ce qui ne s'est pas produit. Dès le 13 février 1998, Nicolas SARKOZY avait annoncé qu'il n'était pas d'accord pour négocier avec lui.

Suite à sa candidature dissidente, François GUILLAUME a été exclu du R.P.R. le 17 février 1998 (L'Est Républicain : 18 février 1998).

CHAPITRE IV: Les motivations propres aux petites listes


Avant le résultat des élections régionales du 15 mars 1998, les listes P.S.- P.C.F., U.D.F.-R.P.R. et F.N. étaient certaines d'avoir des élus.

Par contre, ce n'était pas si évident pour les autres listes et d'ailleurs, plusieurs d'entre elles n'ont effectivement pas atteint le seuil de voix indispensable permettant d'avoir un élu au Conseil Régional.

Il est donc intéressant d'étudier les motivations qui poussent ces listes à se constituer et à se présenter, malgré le risque financier évident.

Les listes dont les motivations ont été vues indirectement auparavant ne sont pas étudiées dans ce chapitre.

Section 1: Les listes d'extrême-gauche

I/ Lutte Ouvrière


L'organisation trotskiste présente 68 listes aux élections régionales de 1998 contre 30 à celles de 1992. Celles-ci se répartissent sur vingt et une régions au total, dont la Lorraine, où les quatre départements sont concernés.

Les motivations de la liste Lutte Ouvrière en Meurthe-et-Moselle sont assez particulières. L'objectif est plus d'améliorer le score obtenu lors des précédentes élections, quelles qu'elles soient, que d'avoir un ou plusieurs élus. La possibilité d'être élue n'a d'ailleurs jamais été envisagée par Christiane NIMSGERN lors de la réunion qui se tenue le 27 février 1998 au Palais des Congrès à Nancy. Le vote en faveur de l'organisation est considéré d'une part comme un vote de défiance à l'égard du gouvernement, et d'autre part, comme la preuve que le Front National n'a pas le monopole de l'opposition face aux partis traditionnels.

Ces élections régionales sont un moyen pour l'organisation locale de reprendre les grands thèmes développés par les instances centrales du Parti ( défense des intérêts du monde du travail, défense de la "Révolution" contre les capitalistes...). Christiane NIMSGERN apparaît alors comme "la version locale" d'Arlette LAGUILLER. L'important, c'est la situation nationale, et le caractère régional de l'élection de mars 1998 n'est pas prise en compte par la liste Meurthe-et-Mosellane.

Les références à la région lors de la réunion précédemment citée se sont limitées à une critique de Jacques CHEREQUE et de l'alliance P.S.-P.C.F. Les personnes présentes dans le public n'attendaient d'ailleurs pas un discours régional.

Leurs questions ont toutes eu trait aux différents problèmes que rencontre la France aujourd'hui ou à Lutte Ouvrière elle-même. Beaucoup souhaitaient en effet faire le point sur l'organisation, sur ses positions actuelles.

II/ La L.C.R.


La L.C.R. est présente dans vingt et un départements répartis sur dix régions pour ces élections. En 1992, un seul département comptait une liste de la ligue (L'Est Républicain : 19 février 1998).

En Meurthe-et-Moselle, la liste se compose des personnes qui ont participé aux luttes sociales des dernières années. Lors de la réunion du 12 mars 1998 à Nancy, Alain KRIVINE a expliqué que l'objectif était de rassembler une Gauche "contestataire" avec les communistes en rupture avec leur Parti et d'être la véritable alternative de Gauche.

Tout comme pour Lutte Ouvrière, le résultat obtenu aux élections est très important. Il symbolise le mouvement de contestation et, comme l'a déclaré Alain CHARTIER, "redonne espoir à ceux qui luttent depuis des années".

Le discours des dirigeants locaux de la L.C.R. à cette réunion à été plus "régional" que celui de Lutte Ouvrière, tout en demeurant quand même essentiellement "national".

Section 2: les listes dites "apolitiques"

I/ Femmes d'action! Pour une autre Lorraine


Plusieurs listes uniquement composées de femmes sont présentes aux élections régionales de mars 1998 en France. Certaines dans le Limousin, en Corse ou en Alsace (L'Est Républicain : 25 et 27 février 1998, 6 mars 1998), où une candidate avait été élue en 1992. En Lorraine, il n'y a que la liste emmenée par Carole HEIT qui soit de ce type.

Celle-ci aurait très bien pu ne jamais voir le jour en raison des nombreuses critiques faites à son égard. Des personnes politiques locales ne supportaient pas en effet de voir leur "domaine réservé attaqué de la sorte". D'après Carole HEIT, seul Claude GAILLARD s'est montré correct avec elle et ses colistières.

Cette liste s'est d'abord constituée pour protester contre la faible représentation féminine en politique. Il est vrai qu'aux dernières élections régionales, seules deux élues sur vingt deux en Meurthe-et-Moselle étaient des femmes. La liste ne doit cependant pas être qualifiée de "féministe" (L'Est Républicain : 30 janvier 1998) comme l'ont déclaré Carole HEIT, Nada DION et Josette STEINER. Son programme n'est en effet pas axé sur la défense de la condition féminine.

La plupart des candidates de cette liste travaillent dans les milieux sociaux et associatifs. Elles sont par conséquent confrontées de manière quotidienne à des problèmes concrets. La volonté de la liste "Femmes d'action" est de placer cette vie quotidienne au centre du débat politique (L'Est Républicain : 5 mars 1998). Il ne s'agit pas de remplacer les hommes, mais de les compléter selon la tête de liste.

Il faut remarquer que les candidates en position inéligible sur cette liste, qui entend se séparer du système partisan, sont loin d'être des figurantes. Toutes ont eu un rôle actif dans ces élections.

II/ Alternative par le Mouvement du Bénévolat Associatif, citoyen, socioprofessionnel, écologiste


Outre la Meurthe-et-Moselle, le Bénévolat Associatif présente également des listes dans les trois autres départements Lorrains.

Pour Philippe LOUIS, cette liste apolitique a pour objectif de représenter une alternative autre que le Front National pour les personnes lassées par les Partis traditionnels. Ses candidats viennent du monde associatif, tout comme les femmes de la liste conduite par Carole HEIT, mais ont été contrairement à elles beaucoup moins engagés.

La liste emmenée par Danielle BOHAIN-LOUIS est plus vraisemblablement un moyen pour Philippe LOUIS, lui-même candidat en Moselle, de faire élire sa femme. Aux élections régionales, lorsqu'une personne n'a pu être en position éligible sur une liste, il est fréquent, comme c'est le cas pour lui ou François GUILLAUME en Meurthe-et-Moselle, de le voir tenter sa chance de manière autonome.

Le Bénévolat Associatif n'a eu aucun élu le 15 mars 1998. Mais s'il en avait eu ne serait-ce qu'un en Meurthe-et-Moselle ( Danielle BOHAIN-LOUIS ) et deux en Moselle ( Fabienne VAN RUYMBEKE et Philippe LOUIS ), ce dernier se serait retrouvé en fait avec trois mandats: le sien, celui de sa femme et celui de la tête de liste de Moselle, celle-ci n'ayant aucune expérience politique.


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